L’antisémitisme est une haine ancestrale qui persiste depuis des siècles. C’est aussi une forme contemporaine d’intolérance et de préjugés. Les incidents antisémites sont en hausse. Dans son rapport de mai 2016, le Community Service Trust anglais (CST) « montre que l’année dernière occupe la troisième place dans le total annuel des incidents antisémites au Royaume-Uni. Le CST a enregistré 924 incidents antisémites en 2015. »
L’organisation rapporte que « le premier semestre 2016 a vu les incidents antisémites augmenter de 11 pour cent par rapport à la même période en 2015. »
En France, Human Rights First constate « un accroissement des incidents antisémites … mais ceux-ci ne font pas suffisamment l’objet de plaintes ou d’enquêtes. Le nombre d’actes antisémites enregistrés a plus que doublé en 2014 par rapport à l’année précédente et ils tiennent une place disproportionnée dans le nombre d’incidents motivés par des préjugés. » En outre, le nombre d’incidents qui font l’objet d’une plainte ne représente qu’une fraction du total. D’après les données d’une enquête menée en 2012 par l’Agence pour les Droits fondamentaux de l’Union européenne, « 82 pour cent des personnes interrogées ont déclaré ne pas avoir rapporté à qui que ce soit l’incident antisémite le plus sérieux dont elles ont été victimes au cours des douze derniers mois. »
Dans leurs rapports, Human Rights First et d’autres individus et organisations qui traquent l’antisémitisme en France récusent les comparaisons avec les années trente. Les États européens ne se font pas les champions ni les exécutants de l’antisémitisme, par exemple.
« Il n’empêche que l’antisémitisme représente une grave menace pour les droits de l’homme, et sa résurgence en France devrait inquiéter sérieusement le gouvernement français et ses alliés, dont les États-Unis. « La violence antisémite fait du tort non seulement à ses victimes mais aux communautés juives tout entières, car elle les empêche d’exercer leurs droits fondamentaux. Et le préjudice potentiel est plus grave encore. Si l’on n’y met le holà, l’antisémitisme mène à la persécution d’autres minorités et à une augmentation globale de la répression et de l’intolérance. Un antisémitisme accru laisse présager un délitement de la société. »
Izzy Lenga est étudiante dans une université anglaise. L’an dernier, elle a aperçu sur le campus des affiches proclamant « Hitler avait raison ». Elle les a photographiées et en a posté une sur Twitter avec le message suivant : « Pour qui pense que l’antisémitisme n’est pas un vrai problème, ces affiches ont été placardées sur le campus mardi. » Son tweet a suscité des réactions immédiates, avec des déclarations antisémites et des menaces du genre : « Encore un aimant à fourneaux qui pleurniche sur un bout de papier ? » et « Je parie que c’est toi qui l’a mise pour te poser en victime. » D’autres ont exprimé leur indignation et leur compassion. Plusieurs journalistes et responsables politiques se sont emparés de l’histoire, ainsi que des citoyens ordinaires qui ont exprimé leur soutien à la jeune fille sur les médias sociaux.
Izzy a expliqué aux reporters qui enquêtaient sur l’incident qu’elle avait peur pour sa sécurité. Elle a aussi déclaré que ce n’était pas la première fois qu’elle découvrait des graffiti antisémites ou islamophobes sur le campus, et elle craignait qu’au vu des réactions haineuses à son égard, les autres étudiants hésitent à dénoncer des actes ou réflexions racistes dont ils seraient témoins au sein de l’université. Par contre, elle avait reçu de nombreux soutiens qui l’encourageaient à continuer. Et elle estimait qu’il était de son devoir de s’exprimer haut et fort et de ne pas se laisser intimider.